Claude Ribbe (Mairie du 6e arrondissement), Armand Hatchuel (Mines Paris), Sarah et Christiane DeWitt, Catherine Lagneau (Mines Paris), Chipten Valibhay (Mines Paris), Bérangère Dubrulle (École des Houches) et Carole Grosz (Mines Paris) devant la plaque commémorant la naissance de Cécile De Witt-Morette.
Depuis le 1er décembre dernier, vous l’avez peut-être remarqué, notre façade sur le boulevard Saint-Michel n’est plus tout à fait la même. Il s’y est fait un ajout tel qu’il n’en avait pas été réalisé depuis 1945.
Aujourd’hui, ce ne sont pas les souvenirs de morts violentes qui sont commémorés, mais celui d’une naissance. Le 21 décembre 1922, dans les murs même de l’École est en effet née Cécile DeWitt-Morette (1922-2017), physicienne française, épouse du physicien Bryce DeWitt, installée aux État-Unis, particulièrement reconnue en France pour avoir fondé, en 1951, l’École de physique des Houches en Haute-Savoie. Une école dont ont bénéficié de nombreux physiciens des plus renommés qui furent récompensés des distinctions les plus prestigieuses. Parmi eux figurent des élèves de l’École des mines de Paris : notamment, Georges Charpack (prix Nobel de physique), Marcel Froissart (prix Paul Langevin) et Roger Balian, qui succéda en 1972 à Cécile D-M à la direction de cet établissement.
Une telle naissance au sein de l’École est rare et a de quoi surprendre. On pense à un événement fortuit, un accident, mais c’est en fait une véritable affaire de famille.
Tout d’abord parce que Cécile D-M est fille d’André Pierre-Ernest Morette, ingénieur du Corps des mines (P. 1900) et professeur de métallurgie générale et de sidérurgie de l’École, entre 1918 et 1920. Dans leur revue théâtrale de l’époque, les élèves chantaient alors : « Pour manger à la vinaigrette, J’ai mis les feuilles du cours Morette ». Son grand-père paternel, André Émile Morette lui-même polytechnicien, a suivi pour sa part en auditeur libre, les cours de docimasie (analyse chimique des minerais) de l’École des mines en 1856 avant de devenir ingénieur dans les chemins de fer.
Ensuite parce que Cécile est fille de Marie Morette née Ravaudet dont le père, Paul Ravaudet, secrétaire général de l’École entre 1919 et 1924 fut bénéficiaire par ses fonctions d’un appartement partagé aujourd’hui entre les bureaux de la Communication et ceux des Presses des Mines. Le directeur Gabriel Chesneau avait particulièrement défendu son recrutement comme celui d’un homme doté « d’une autorité indiscutable et incontestée, en dehors mêmes de ses capacités administratives ». Marie Morette, installée avec son mari en Normandie, décida en cette fin d’année 1922, de venir accoucher auprès de ses parents, d’où cette naissance sous notre toit. Avec Cécile D-M, ce ne sont pas moins de trois générations de cette famille qui ont développé, tant du côté paternel que maternel, un lien fort avec notre école.
Cécile DeWitt-Morette conserva d’ailleurs une certaine fierté pour ce lieu de naissance original. Sa fille Christiane DeWitt-Morette raconte que, lors de ses séjours en France en famille, sa mère depuis le jardin du Luxembourg, aimait à désigner l’École des mines comme le lieu de sa naissance. Christiane alors enfant, en venait à croire, que le jardin du Luxembourg, où elle jouait et l’École des mines où sa mère était née, étaient une sorte de maison de famille appartenant aux DeWitt-Morette !
Aujourd’hui, alors que Cécile DeWitt-Morette est décédée en 2017, le lien persiste toujours. Ainsi, pour ses travaux sur l’originalité des « sociabilités créatives » à l’œuvre au sein de l’École de physique des Houches, Chipten Valibhay, post-doctorant au CGS Mines Paris - PSL, a pu bénéficier de l’aide enthousiaste de Christiane DeWitt-Morette, qui a mis à son service tout son réseau de relations.
Le 1er décembre 2022, avant la présentation de ces travaux à l’Académie des sciences, c’est donc plus qu’une cérémonie, quasiment une réunion de famille qui a eu lieu en présence, notamment, de Mesdames Christiane DeWitt, Sarah Dewitt-Feldman et Rémi Magnier, fille, petite-fille et filleul de Cécile DeWitt-Morette, et Bérengère Dubrulle, directrice de l’École de physique des Houches, et de Messieurs Claude Ribbe, conseiller d’arrondissement délégué aux Universités, et Roger Ballian, membre de l’Académie des sciences. dans l’amphithéâtre Schlumberger, et devant la plaque inaugurée pour l’occasion avec discours, photos, rappels de souvenirs, larmes, rires et mise en valeur pour l’occasion des archives témoignant de ces destinées successives. Cette plaque en constitue désormais une manifestation tangible et le rappel d’une scientifique remarquable.
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